456-480 Décomposition et fin de l'autorité impériale en Occident


De 456 à 480, l'autorité impériale n'est plus qu'un leurre en Occident. A partir de 456 jusqu'en 472, c'est Ricimer, un chef barbare qui fait et défait les Empereurs. Ces 16 années voient se déliter les restes de l'Empire en Occident. Pendant 24 années, 9 empereurs se succèderont, la plupart n'auront pas de pouvoir réels.

456-460
Corse, Sardaigne et les Baléares tombent sous la domination des Vandales.


Année 456
Déposition de l'empereur Avitus
Le 16 octobre, Avitus est déposé. Le Comte Ricimer, commandant des troupes barbares défendant l'Italie, excita le mécontentement général fâce à Avitus, gaulois imposé par les Wisigoths. Ricimer était le petit-fils de Wallia du côté maternel, mais d'origine Suève du côté paternel. Populaire pour avoir détruit en Corse une flotte de 60 galères vandales, il fut en mesure de déposer Avitus. Les sénateurs refusèrent qu'il obtienne le titre d'évêque de Placentia proposé par Ricimer, et le condamnèrent à mort. Avitus fuya vers la Gaule mais il décéda en route. Il est possible que, entre la révolte de Ricimer et la déposition de Avitus, ce dernier ai eu le temps de se rendre à Arles pour rassembler des troupes. Une bataille se serait tenue à Piacenza, un mois après la révolte de Ricimer contre Avitus. Gagnée par Ricimer, elle signifiait la fin du règne de Avitus.

Théodoric II prétexte le renversement d'Avitus, empereur de Ravenne qu'il avait installé au pouvoir, pour assiéger Arles. Il échoue dans son siège, mais cet épisode marque le début de l'expansion continue des Wisigoths en Occident; ainsi que la fin de leur longue alliance politique avec Ravenne, qui remontait à la mort de Wallia en 415 (ou si l'on veut, à la mort d'Alaric en 410).

Toute-puissance de Ricimer
De 456 à 472, le suève Ricimer est généralissime d'Occident. C'est l'homme fort de l'Occident. Il règne de facto sur un Empire de plus en plus restreint, composé essentiellement de l'Italie, de la Dalmatie et d'une partie de la Gaule. Il doit sa position de force à sa popularité dans l'armée et auprès du sénat, après qu'il ai réussi à battre sur terre et sur mer les Vandales au cours de l'année 456. Le soutien des dernières troupes régulières d'Italie et de l'Occident lui donne une grande force politique. Personne ne sera en mesure de remettre en cause sa prédominence jusqu'à sa mort en dépit de ses abus (meurtes d'empereurs)

En 456-457, les Burgondes, avec la bienveillance des Wisigoths, étendent leur territoire. Gondioc s'étabit à Lyon, Chilpéric restant à Genève.


Année 457
Les Burgondes cherchent à s'étendre dans les pays du Rhone et de la Saône. Les Alamans envahissent le nord de l'Italie mais sont repoussés.

Majorien est proclamé empereur
Majorien, le magister militium de l'Occident, devient empereur en remplacement d'Avitus. C'est l'appui de Ricimer qui le place sur le trône. empereur dynamique, il prend des mesures natalistes, en faveur du patrimoine pillé, et annule les dettes et les arriérés des tributs. Cependant, il ne pourra se libérer de la tutelle de Ricimer, qui en sa qualité de chef barbare, commandait les dernières troupes -barbares- protégeant l'Italie.

Mort de l'empereur Marcien
L'empereur d'Orient Marcien meurt. C'est le Patrice Aspar qui désigne son successeur en la personne de Léon, dit Léon I, qui règnera jusqu'en 474. Il n'était alors qu'un simple tribun militaire. La situation de l'Orient romain ne semble donc être alors enviable à celle de l'occident. Dans les deux parties de la romanité, ce sont des chefs barbares qui font les Empereurs. Cependant, Léon I se montrera énergique, au point de défier son mentor. De plus, Aspar ne pourra disposer comme Ricimer des Empereurs selon son bon vouloir. C'est sans doute la conséquence de la reconstitution d'une armée romaine composée d'autochtones en Orient dès le début du V siècle : tolérer des chefs barbares reste possible, mais ces derniers ne peuvent, dans le contexte des invasions barbares, mener leurs propres politiques de dépositions politiques.

De 457 à 463, Aégidius et le Comte Paul s'opposent victorieusement aux Burgondes, avec l'aide de Childéric, Roi des Francs Saliens. Ravenne n'a toujours pas renoncé à la Gaule.


Année 458
Les Burgondes attaquent et prennent Lyon. Il est possible que Majorien soit intervenu pour les en déloger.
Majorien fait construire une importante flotte de guerre, de 300 vaisseaux, en vue de son expédition pour détruire le royaume Vandale.


458-460
La guerre éclate entre fédérés Burgondes et Romains. Majorien intervient personnellement contre les Burgondes en mobilisant des fédérés Huns, Ostrogoths, et Rugues. Les Burgondes battus s'engagent à défendre les provinces romaines.


458-462
Des troupes Wisigothiques se battent en Espagne, seules ou avec des unités romaines.


458-463
Les Wisigoths entrent en guerre contre les romains. C'est la conséquence de leur politique expansioniste. Les Wisigoths ont en effet des visées en Espagne, mais aussi en Gaule où ils cherchent à s'étendre. A l'hiver 458, Majorien arrive en Gaule.


Année 459
Aegidius, général de Majorien se laisse volontairement enfermer dans Arles par les Wisigoths. Ces derniers sont surpris lors du siège de la ville par l'arivée de Majorien. Aegidius profite de la diversion pour attaquer à revers les Wisigoths, qui subissent de lourdes pertes et se retirent à Toulouse.


Année 460
La flotte impériale, réunie par Majorien dans le golfe d'Alicante est incendiée par les Vandales, probablement après une trahison de sujets de Majorien. Il suspend son expédition militaire contre Genséric. Mais cet échec scelle son sort à court terme.


Année 461
Assassinat de l'empereur Majorien
Majorien meurt le 7 août après avoir été forcé de quitter la pourpre par Ricimer. Il est donc hautement probable que Ricimer soit responsable de sa mort. Cependant, l'énergie déployée par Majorien durant son règne lui avait valu de nombreuses sympathies. A l'annonce de sa mort, chose que n'avait sans doute pas prévu Ricimer, deux chefs de guerres entrèrent en sécession pour protester contre ses abus de pouvoir.
Marcellinus, un païen fidèle à Majorien, se révolta et, à la tête de troupes fidèles à sa personne, il s'empara de la Dalmatie, prit le titre de patrice de l'Occident, construisit une flotte de guerre et menaça alternativement l'Italie et l'Afrique. Aégidius, maître général de la Gaule, fit sécession au Nord de la Loire. Il fut soutenu militairement par les Francs. Il ne se comporta pas dès lors de manière différente d'Aétius, vivotant dans son royaume indépendant. Tout comme Aétius, il s'appuyait militairement sur des fédérés pour assurer son pouvoir. L'Empire romain en Occident ne comprend plus que l'Italie.

L'Empire Romain en 461


Les Burgondes occupent peut-être Lyon. De là, ils exercent une poussée au nord et au sud. Les Wisigoths s'emparent de Narbonne. Ils s'y installent solidement.

En remplacement de Majorien, Sévère, candidat avancé par Ricimer, devient Empereur sous le nom de Sévère III. Il ne fut qu'un fantôche jusqu'en 465.


461-467
Les Vandales équipaient leur flotte de guerre chaque année pour piller les côtes de l'Espagne, de l'Italie, de la Dalmatie, de la Grèce et de la Sicile.


Année 462
De 462 à 468, les Vandales conquièrent la Sicile. La piraterie devient endémique en méditerranée. Afin de contrer la menace croissante des Vandales et de mettre fin à leur piraterie, Ricimer négocie avec Constantinople une alliance militaire.

Un général assiégé à Narbonne par Aégidius demande l'aide du royaume de Toulouse, ce qui permet aux Wisigoths d'atteindre le littoral.


Année 463
Gondioc, roi des Burgondes, devient maître de la milice des Gaules.

Aégidius, avec ses fédérés Francs, attaque le nord du royaume de Toulouse en passant par Orléans. Il inflige une sévère défaite aux Wisigoths. Dans le même temps, il aurait incité le Roi vandale Genséric à attaquer l'Italie de Ricimer, meurtrier de son ami Majorien.


Année 465
Mort d'Aégidius. De 465 à 486, son fils Syagrius règnera sur son royaume. Les Wisigoths peuvent lancer une contre-offensive et conquierent des territoires romains sur la Loire.

Mort de l'empereur Sévère III. Ricimer est sans doute à l'origine de sa mort. Il se garde de désigner un nouvel Empereur, et en laisse le choix à l'Empereur d'Orient. Léon I prendra deux ans avant de désigner le successeur de Sévère III.


Année 466
Euric assassine son frère Théodoric II. Ce crime provoque la rupture du foedus conclu entre Romains et Wisigoths 50 ans plus tôt. Devenu roi des Wisigoths, Euric rompt définitivement avec Ravenne et étend son royaume dans toutes les directions, mais essentiellement en Espagne.

De 466 à 467, une guerre est menée en Thrace entre l'Empire d'Orient et une coalition gothico-hunnique.


Année 467
Anthémius est proclamé empereur en Occident
Léon I, empereur d'Orient, impose comme Empereur en Occident Anthémius, en lieu et place de Sévère, mort deux ans plus tôt. Anthémius était le beau-fils de l'Empereur Marcien, suite à son mariage avec la fille de ce dernier, Euphémie. Entré par un mariage dans la famille impériale d'alors, Anthémius pouvait donc être un concurent pour Léon I. L'envoyer en Occident comme Empereur permettait donc à Léon I de se débarasser à bon compte d'un éventuel concurent.
Le 12 avril, Anthémius quitte Constantinople pour Rome, où le sénat ratifia le choix de Léon I.
Il est à noter que Anthémius disposait alors d'une garde importante, équivalent presque à une armée régulière. Cependant Anthémius, tant contre les Vandales que contre les Wisigoths ou Ricimer, n'alignera pas ces troupes sans doute composées d'Isauriens ou de mercenaires Ostrogoths. Ainsi, il se contentera d'une force navale contre les Vandales en 468, il recrutera des Bretons d'Armoriques contre les Wisigoths en 469, et utilisera des mercenaires, essentiellement Wisigoths, contre Ricimer en 472.

Pour asseoir davantage sa légitimité, Anthémius donne sa fille en mariage à Ricimer, l'homme-fort incontournable de l'Occident. Anthémius est donc un sérieux concurent pour Ricimer. Si ce dernier ne pensait qu'à diriger d'une main de fer ce qu'il restait de l'Occident romain, il se devait de composer avec Léon I pour ne plus subir en permanence la menace des Vandales. Anthémius, de part ses liens maritaux avec le défunt Marcien, était une autorité reconnue, loin du fantôche Sévère III. Cependant, cette autorité a ses limites. Ainsi, Anthémius ne dispose pas d'armée propre, inversement à Ricimer. Anthémius se doit donc de rechercher davantage d'appuis politiques. Soutenu par l'Orient, il peut se tourner vers Syagrius au Nord de la Loire soutenu par les Francs, ou vers les Wisigoths alors en guerre contre lui. Il peut également se tourner vers Marcellinus, chef de la Dalmatie, à la tête d'une puissance navale.


Année 468
Echec de l'expédition contre les Vandales
Léon I et Anthémius montent une expédition militaire commune contre les Vandales.
Le préfet Héraclius regroupe les troupes d'Egypte, de la Thébaide et de la Libye, s'embarqua avec ces troupes jusqu'à Tripoli où il soumit les villes de cette province. Le Comte Marcellinus renonçe à sa neutralité datant de la mort de Majorien, et se rejoint Léon et Anthémius contre les Vandales. Sa flotte de guerre expulse les Vandales de la Sardaigne. Genséric, refoulé par l'Orient sur terre, par l'Occident sur mer, demande alors une trêve de quelques jours pour stipuler les conditions de sa soumission. Cette trêve fut étrangement acceptée par ses ennemis. Il en profite pour organiser un raid, qui incendia la flotte romaine par surprise.
Suite à ce raid, Héraclius se retira en Egypte à travers le désert, et Marcellinus se retira en Sicile où il fut probablement tué par un de ses officiers sur l'instigation de Ricimer. La Sardaigne, la Sicile et Tripoli furent soumises à nouveau aux Vandales.

Cet échec militaire ne permet pas de mettre fin à la piraterie endémique. De plus, elle scelle le sort d'Anthémius à court terme, comme ce fut le cas pour Majorien. Son élévation en Occident visait en effet explicitement la fin du royaume vandale en Afrique. Ricimer accepta dans ce but de partager ses prérogatives, mais cet échec militaire fait perdre à Anthémius une partie de sa légitimité. Le vide du pouvoir ne peut être occupé que par Ricimer.

L'échec de l'offensive contre les Vandales soulage grandement la pression militaire sur le royaume de Toulouse. Il profite de l'échec impérial pour attaquer l'Espagne. La même année, Arvandus, préfet de la Gaule, rejette Anthémius, et se rapproche, au moins diplomatiquement d'Euric. Il lui conseille d'attaquer les Bretons, de ne pas faire la paix avec l'Empereur, et de diviser la Gaule entre Goths et Burgondes. Outre le discrédit dont doit souffrir alors Anthémius après son échec, un des motifs de cette trahison est que les Germains devaient laisser en paix l'aristocratie locale, tout en écrasant les révoltes populaires de type Bagaudes. Un pouvoir germain était donc plus profitable pour elle que la pesante autorité impériale. Le cas de Sidoine Apollinaire est révélateur : cet aristocrate, poète et futur évêque de Clermont-Ferrand, bien que connu pour sa sympathie à l'égard des Francs, se sent menacé par Syagrius, et fait des louanges à Euric.

Le commandant romain de Lisbonne remet la ville aux Suèves, puis, à la tête d'une délégation de Suèves, va demander l'assistance d'Anthémius contre les Wisigoths.


Année 469
Odoacre rentre au service des Romains
Odoacre, alors chef de guerre itinérant, commande une troupe de Saxons. Il occupe Angers. Battu par les Romains, il passe à leur service et les aide à repousser une attaque des Alamans dans le Nord de l'Italie. Il passera à la postérité quelques années plus tard pour avoir déposé du trône impérial Romulus Auguste dit Augustule, traditionnellement considéré comme le dernier Empereur en Occident.

Défaite des Bretons d'Armorique contre les Wisigoths
Les Bretons d'Armorique et leur roi Riothame, alliés de Ravenne et amis de Sidoine Apollinaire, réunissent 12.000 hommes pour lutter contre les wisigoths, sur l'appel d'Anthémius, et pour défendre l'Aquitaine I, restée romaine. Les Bretons sont cependant battus par les wisigoths à la bataille de Déols (actuelle banlieue de châteauroux), sans avoir pu opérer sa jonction avec les fédérés Francs aux ordres de Childéric et du Comte Paul, successeur avec Syagrius du général Aégidius dans le Nord de la Gaule. Paul et les francs de Childéric parviennent cependant à tenir Tours et Bourges. Paul décède la même année ; il fut le dernier Comte et officier romain en Gaule.
Ce nouvel échec de la politique d'Anthémius fait fortement vaciller sa couronne. Il a échoué contre les Vandales, contre les Wisigoths, et ses alliés en Dalmatie et au Nord de la Gaule ont payé le prix fort pour cette alliance. Anthémius ne dispose alors plus de réel appui, politique et militaire. Ricimer s'en rendra compte rapidement.


Année 470
Les Burgondes sont installés dans le lyonnais, le vivarais et les territoires qui bordent la rive droite de la Durance. Leur roi Gondioc étend le royaume Burgonde jusqu'à la Durance sous prétexte de s'opposer aux Wisigoths.


Année 471
Résistance et nationalisme en Auvergne
Les Wisigoths pénètrent en Auvergne et mettent le siège devant Clermont-Ferrand. Pour afficher ses ambitions, Euric nomme gouverneur pour l'Aquitaine I le Dux Victorius, romain catholique, appartenant au clan des Apollinares, et rallié aux Wisigoths.
A cette époque, mis à part l'Auvergne, deux provinces résistent à la poussée des Wisigoths sans le soutien de l'autorité impériale : la Tarraconaise, au nord-est de l'Espagne, et l'Aquitaine I, à la frontière est du royaume wisigothique de Toulouse. Cette résistance est menée par l'aristocratie locale. Il n'y a plus d'armée “romaine” à cette époque, seulement une milice à cheval commandée par le sénateur Ecdicius, fils de l'empereur Avitus. L'aristocratie gallo-romaine de la région se range derrière Ecdicius pour résister. Sidoine Apollinaire conçoit l'idéologie de la résistance aux barbares et aux hérétiques, en unissant latinité et chrétienté latine.
Les tensions s'apaisent provisoirement entre Anthémius et Ricimer. Anthémius peut se permettre de mener une nouvelle offensive contre les Wisigoths, sous le commandement d'Anthemiolus, son propre fils. Mais Euric franchit le Rhône et bat l'armée impériale au début de l'été 471. Les commandants impériaux sont tués dans la bataille, ainsi qu'Anthemiolus. Ne reste de la Gaule romaine qu'un réduit en Provence autour d'Arles et de Marseilles, ainsi qu'en Auvergne, où la résistance locale est menée par Ecdicius. D'après Sidoine Apollinaire et Grégoire de Tours, il dégage Clermont-Ferrand assiégée par quelques milliers de Wisigoths grâce à une sortie où il mène au combat entre 10 et 18 cavaliers lourds, qui désorganisent les Wisigoths par leur charge.
Arles, Riez, Avignon, Orange, Apt, Valence et Saint-Paul-Trois-Châteaux tombent sous la domination d'Euric aprè sa victoire, mais les fédérés Burgondes entrent subitement en guerre contre les Wisigoths et les font reculer à nouveaux. Les dévastations de la guerre entraine une inévitable famine pour la population.

Guerre civile entre Anthémius et Ricimer
Discorde entre Anthémius et Ricimer. Ce dernier quitte Rome pour Milan d'où il pouvait recruter des barbares. L'évêque de Pavie tenta de les réconcilier, mais Ricimer recrute des Burgondes et des Suèves, et marche sur Rome.

Le Patrice Aspar est exécuté en Orient. Il fut un personnage très influent en Orient pendant plus de 45 ans. Cependant, ses caprices n'entrainèrent pas une suite de destitutions politiques comme en Occident.


472-473
La noblesse locale, entre résistance et collaboration
Euric envoie deux armées en Espagne. L'une d'elles prend Pampelune et Saragosse à l'ouest. L'autre occupe les villes côtières dont Tarragone. L'un des deux commandants de cette seconde armée est Vincentius. Dux romain 10 ans plus tôt, il opère désormais en qualité de dux Hispaniarum pour le compte des wisigoths, contre ses compatriotes et contre la noblesse locale de la vallée de l'Ebre. Au cours d'une ultime bataille, les dernières résistants ibéro-romains sont battus.A l'exception du royaume Suève au nord-est de la péninsule, toute l'Espagne est aux mains des Wisigoths.
Les exemples de Vincentius en Espagne et de Victorius en Gaule montre une collaboration entre une partie de la noblesse locale et les Wisigoths : les territoires conquis en Espagne et en Gaule sont commandés par des Romains ralliés à Euric, contre une autre mouvance de la noblesse locale tentant de résister par ses propres moyens aux Wisigoths. Les dissensions entre les groupes rivaux des classes dirigeantes locales expliquent ces "trahisons". Victorius tombera en 479 après un conflit interne : il fit mettre à mort un noble auvergnat, fuya en Italie avec le fils de Sidoine Apollinaire, et y fut exécuté.
Euric a donc grandement et fort intelligement profité de ces dissensions. La noblesse locale étant au coeur de la résistance à son expansion territoriale, il charge en Espagne et en Gaule des membres de cette noblesse de briser l'opposition par les armes puis de trouver un accord avec l'état gothique.


Année 472
Olybrius est fait empereur, guerre civile et mort d'Anthémius
Le 23 mars, Ricimer fit du sénateur Olybrius son nouvel empereur fantôche, en vue de remplacer Anthémius. Léon I approuva peut-être en secret la déposition d'Anthémius et son remplacement par Olybrius. De part son mariage avec la fille de Marcien, Anthémius avait des droits dynastiques à faire valoir. Rome est défendue par des mercenaires Wisigoths restés fidèles à Anthémius, ce qui prolongea le siège de Rome de 3 mois.
Le 11 juillet, Ricimer, avec l'appui des fédérés Burgondes, pille Rome et tue l'Empereur Anthémius. Il dispose à cette époque de 6.000 hommes plus les gardes du corps, pour défendre l'Italie. Cette “armée” est composée de peuples Hunniques et de Germains.
Peu avant la mort de Anthémius, Bilimer semble lui avoir apporté son soutien, mais il fut tué près de Rome en juillet avec ses troupes.
Le sénat semble avoir abandonné Anthémius au profit de Ricimer, peut être en raison de ses origines grecques.

Mort de Ricimer et d'Olybrius
La mort d'Anthémius est significative. il fut le dernier Empereur qui tenta de sauver ce qu'il restait de l'Empire. Pourtant, il ne fut jamais heureux à la guerre, battu en 468 par les Vandales et deux fois, en 469 et en 471 par les Wisigoths.
Le 20 août, Ricimer, le faiseur de Roi, et assassin d'au moins 3 “Empereurs” romains d'Occident, meurt de maladie.
Le 23 octobre, Olybrius mourru à son tour.
La mort de Ricimer ne permet pas à l'Italie de retrouver sa souveraineté. Le vide du pouvoir permet à d'autres généraux barbares de faire et de défaire des pseudos-empereurs, pendant encore quelques années, le temps que ces derniers se lassent de ces mascarades. Trois empereurs vont encore se succèder sur le trône des Césars pendant un peu moins de 4 ans.

Gondebaud, fils du Roi Burgonde Gondioc, devient maître de la milice des Gaules.

L'empereur Léon I ordonne la confiscation des biens et des propriétés de tous ceux tolérant chez eux des sacrifices.


Année 473
Glycérius est proclamé empereur
Gondebaud, un Burgonde, succède à Ricimer. Après avoir proclamé empereur le comes domesticorum Glycerius, il retourne prendre la succession de son père en Burgondie. Privé de soutien avec le départ de Gondebaud, Glycérius ne peut se maintenir sur le trône et doit abdiquer peu après en faveur de Julius Nepos, fils de Marcellin le Dalmate, à qui il avait succédé à la tête de sa principauté indépendante.

Théodoric devient roi des Ostrogoths. Il conduit son peuple en Macédoine. Un foedus est passé, qui met son armée à la disposition de l'Empire d'Orient.

Arles et Marseilles sont prises par les Wisigoths.

Les Burgondes forme un royaume indépendant en Gaule.


Année 474
Julius Nepos est proclamé empereur
Glycerius doit abdiquer en faveur de Julius Nepos, soutenu par l'Empereur d'Orient Léon I.
Julius Nepos nomne Ecdicius Patrice en Gaule. Ecdicius ne peut cependant empêcher les Wisigoths de prendre son auvergne natale, vainement défendue par une milice d'auto-défense.

Les Burgondes font tomber Vaison au sud.

Mort de l'empereur Léon ; début du règne de l'empereur Zénon
De 474 à 491, règne de Zénon en Orient. Isaurien de naissance, il épousa la fille de l'empereur Léon Ier en 468, partagea un moment, en 474, la charge impériale avec son fils, Léon II, et devint l'unique empereur au cours de la même année.

Une paix perpétuelle est signé entre les Vandales et l'empire d'Orient, après ses tentatives infructueuses de reprendre l'Afrique. Cette paix durera 59 ans, jusqu'à la reconquête orientale de 533 menée par le général Bélissaire.


Année 475
Déposition et exil de Julius Nepos
Au printemps, après deux échecs, l'évêque Epiphanius de Pavie conclu un accord avec Euric à Toulouse. Julius Nepos reconnait les conquêtes des Wisigoths en Gaule, essentiellement en Auvergne, en échange d'un retrait de ces derniers de la provence. Peu après, Nepos rappelle Ecdicius en Italie, et nomne Oreste à sa place au rang de magister militium, à charge pour lui de contenir les Wisigoths après le départ d'Ecdicius.
Une révolte des fédérés menés par Oreste éclate en Italie. Ils assiègèrent Julius Nepos à Ravenne, que ce dernier quitte pour retourner dans sa principauté Dalmate. Oreste fait Empereur son fils Romulus Augustule.

En orient, à la suite d'une révolte menée par l'oncle de sa femme, Basiliscus, Zénon fut chassé de Constantinople et se réfugia en Isaurie, une des régions d'Asie Mineure.


Année 476
Gouvernement de Romulus Augustule et d'Oreste
Oreste, le père de Romulus Augustule, demeure à la tête de ce qu'il reste de troupes à l'empire d'Occident. Depuis le 9 janvier 475, l'empereur d'Orient, Zenon, était en exil, chassé de Constantinople par un rival, Basiliscus. Ce dernier ne soutient pas l'empereur exilé Julius Nepos, qui devait son élévation à Zenon. Ainsi privé de soutien, Nepos ne peut envisager la guerre contre Oreste et son fils. Reconnu par les italiens et obtenant l'investiture sénatoriale, soutenu par son père, Romulus Augustule ne semble pas craindre de sédition à court terme (Demougeot P606).

Troubles chez les soldats impériaux
Cependant, les soldats sous les ordres d'Oreste esperèrent profiter de cette stabilité pour être enfin payés. Oreste étant dépourvu d'argent, il ne put honorer ses dettes, et les soldats guettèrent une nouvelle occasion de se révolter comme ils l'avaient fait en août 475 contre Nepos.
Au début de l'année 476, le roi wisigoth Euric, qui avait l'année précédante signé la paix avec Nepos ne s'estima plus lié par son serment après le renversement de celui-ci. Dès le printemps, il fit la conquête d'Arles et de Marseilles. Oreste négocia alors une possible intervention militaire de l'armée impériale stationnée en Italie pour faire la guerre aux Wisigoths. En effet, une victoire aurait apporté un prestige militaire à son fils et renforcée leur pouvoir commun. Les négociations durèrent jusqu'en juillet - août 476, et Odoacre, qui avait servi Attila au côté d'Oreste, présenta les demandes des soldats : un tiers des terres d'Italie en paiement, application des conditions d'établissement des Wisigoths en Aquitaine en 418, alors que ces soldats ne constituaient pas un peuple, mais un ensemble hétéroclite de mercenaires barbares (Scirres, Hérules, Alains, Goths, Huns). Oreste refusa de solder ses troupes ainsi, car un tel accord aurait placé les habitants de l'Italie sous la domination de militaires étrangers sans qu'un traité ne soit passé avec une réelle autorité, ces troupes n'ayant pas de Roi (Demougeot P606-607).

La dernière armée impériale
La "garde impériale" d'Oreste, composée de mercenaires Scirres, Hérules et Goths, demande à son chef le statut de fédéré, avec terres aux soldats et tribut aux chefs. Oreste refuse. Depuis le règne d'Anthemius, les effectifs de cette dernière armée impériale avaient augmenté en raison des différentes guerres qu'il avait été nécessaire de mener tant sur le plan intérieur qu'extérieur. Des révoltes sporadiques éclatent dans ces troupes, certainement en raison de l'impossibilité de les payer régulièrement, les moyens de l'Etat impérial diminuant avec la perte des territoires. L'Italie, a elle seule, est ainsi incapable de solder ces troupes aux effectifs évalués à 10.000 hommes (Demougeot P613), ce qui est révélateur de la faiblesse de l'Etat à l'époque.

Trois mode de paiement existaient pour l'armée à cette époque : un salaire en principe régulier (le stipendium), des distributions en théorie plus irrégulières (donativa) et des livraisons en nature (annona).
En raison de la pénurie de métal en Italie, il semble évident que la source de paiement de cette troupe n'était pas le stipendium qui par ailleurs décline en tant que mode de paiement à la fin du III siècle.
Les donativa, versement en espèces ou en métal qui allait aux militaires, étaient effectués dans des circonstances spécifiques : anniversaire de l'accession pour l'empereur, 5ème, 10ème et 20ème anniversaires de cet évènement, anniversaires divers, accession du souverain ou d'un de ses parents au consulat, calendes de janvier, succès militaires, réels ou inventés. Elles aussi sujettes à la disponibilité de métal, les donativa offertes aux troupes sont certainement symboliques à l'accession de Romulus Augustule.
L'annone concerne des livraisons en nature : huile, vêtements, aliments divers : blé, viande, vin, eau, sel, chevaux, armement. (Y Le Bohec, l'armée du bas-empire P177-180). C'était certainement la source principale de paiement alors, peut-être insuffisant pour contenter des mercenaires étrangers qui n'avaient pas reçu de paiement en métal depuis des années.

L'incapacité de l'Etat à solder ces troupes provoque la sédition qui met fin à l'Etat impérial en Occident.

Sédition des troupes et déposition de l'empereur
Le refus ou l'incapacité d'Oreste de payer la "garde impériale" pour ses services provoque la disparition de l'institution impériale, comme le raconte l'historien Procope :
Pendant que Zénon jouissait de l'Empire d'Orient, Auguste, que les Romains appelaient Augustule, à cause de son bas âge, possédait celui d'Occident, qui était gouverné avec une rare prudence par son père Oreste. Les Romains avaient fait alliance un peu auparavant avec les Scirres, les Alains et d'autres Goths, depuis les pertes qu'ils avaient souffertes par les violences d'Alaric et d'Attila, desquelles j'ai parlé dans les livres précédents. Il est certain que plus la puissance de ces Barbares s'était accrue, plus aussi la dignité de l'Empire avait été avilie, et plus la liberté des Romains avait été opprimée, sous l'apparence de l'alliance de ces étrangers. Ils contraignirent les Romains à faire beaucoup de choses qui n'étaient guères conformes à leur inclination, et ils montèrent un si grand excès d'impudence, que de demander le partage des terres de l'Italie, et de massacrer Oreste, parce qu'il leur en refusait le tiers.
Ils avaient parmi eux un nommé Odoacer, qui avait été Garde de l'Empereur, et qui les assura d'un heureux succès de tous leurs conseils, s'ils voulaient mettre en main le commandement. Ainsi il s'empara de la souveraine autorité, sans toutefois faire d'autre mal à l'Empereur, que de le réduire à une condition privée. Il distribua ensuite aux Goths le tiers des terres, et affermit par ce moyen les fondements de sa tyrannie, où il se maintint l'espace de dix ans (Procope, Guerre contre les Goths, Livre I, Chapitre , 1-2).


Débouté, Odoacre poussa ses compagnons à la révolte contre Oreste et son fils Romulus Augustule . Il promet aux soldats mécontents de leur accorder le statut de fédérés et de les payer avec des terres italiennes s'ils le proclament Roi - roi d'eux même -, ce qui est fait le 23 août 476. Une fois élu, Odoacre attaque les soldats restés fidèles à Oreste. Débordé, ce dernier se retire à Plaisance où il est battu et tué le 28 août 476. Son frère Paul, réfugié à Ravenne, est rattrapé et tué à son tour le 4 septembre. Vainqueur, Odoacre se contente de son titre de Roi, refuse de prendre la pourpre - comme son origine barbare l'y contraignait - et se rend à Rome où il dépose Romulus Augustule.

Déposition de Romulus Augustule
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De 476 à 489 Odoacre gouverne de fait l'Italie comme un monarque. Après la déposition de Romulus Augustule, aucun empereur ne règne de facto sur la partie occidentale de l'antique monde romain (à noter cependant que c'est seulement en 480 que Julius Nepos, le dernier “empereur”, mourra). L'autorité impériale n'était plus qu'une fiction après la mort de Galla Placidia et de Valentinien III, garants d'une entente entre Ravenne et les Wisigoths. Cependant, en 476, l'empereur d'Orient Zénon aménage à nouveau une fiction, en déléguant symboliquement la gouvernance de l'Italie à Odoacre.

L'Empire Romain en 476


Euric envoie une armée menée par le Dux Hispaniarum Vincentius en Italie. Est est battu est tué dans une bataille l'opposant aux troupes d'Odoacre menées par deux généraux germaniques, Sindila et Alla.

Syagrius, avec l'aide des Francs Saliens, repousse les Wisigoths.

L'Empereur Zénon mate la révolte de Basiliscus avec l'aide du chef des Ostrogoths, Théodoric.


476-477
De 476 à 477, les Wisigoths combattent victorieusement les Burgondes pour la Provence.


Année 477
Mort de Genséric, roi des Vandales. Il vécut donc assez longtemps pour voir la disparition du dernier “Empereur” Romain de l'Occident.

Arles et Marseilles sont capturées par les wisigoths.


478-479
Les fédérés Ostrogoths de Théodoric se révoltent contre Constantinople.


Année 480
Mort de Julius Nepos
Odoacre conquiert la Dalmatie à la mort de Julius Nepos. Il possède deux des provinces de l'Empire en Occident. Julius Nepos était non seulement, avec Syagrius, le dernier représentant d'une romanité indépendante en Occident, mais également le dernier Empereur romain légitime encore en vie. Sa fuite face à Oreste ne remet pas en cause son titre.

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